Atlantico a interviewé Christophe Boutin, professeur des universités à Caen et responsable des questions politiques au Pont-Neuf, au sujet de la lettre écrite d’Emmanuel Macron aux président du Sénat et de l’Assemblée Nationale, appelant à la “concorde nationale” afin de surmonter la crise.
Atlantico : Les institutions républicaines peuvent-elles pleinement jouer leur rôle sans opposition constructive ?
Christophe Boutin : Une « opposition constructive », c’est justement ce qu’Emmanuel Macron semble appeler de ses vœux par cette lettre qu’il a écrite à destination des présidents du Sénat et de l’Assemblée nationale, comme vous le signalez, mais aussi du président du Conseil économique, social et environnemental (CESE), ce qui est révélateur. En effet, intégrer cette structure dans ce dialogue destiné à définir et permettre cette « concorde nationale » qu’il dit souhaiter démontre la volonté présidentielle de minimiser à la fois le poids de l’opposition et celui du Parlement. En effet, il n’y a de nos jours qu’une seule chambre parlementaire, chargée donc de voter la loi et de donner ainsi forme à la volonté nationale, qui soit d’opposition, c’est le Sénat, car à l’Assemblée nationale, malgré les récents émiettements du groupe LREM, Emmanuel Macron conserve la majorité. Or les présidents des chambres – et c’est bien à eux que s’adresse la lettre, et non aux parlementaires – sont issus de la majorité de la Chambre – Gérard Larcher est LR et Richard Ferrand LREM. Quant au CESE, que dirige le manchot Patrick Bernasconi – qui tente d’ailleurs de tirer vers le haut cette institution -, il n’est toujours qu’une instance consultative de seconde zone, qui sert trop souvent de placard doré aux amis du pouvoir, recyclant les battus du suffrage universel et les syndicalistes blanchis sous le harnais qui ont « bien mérité de la république ».
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