Qui est Emmanuel Macron ? Et dans quelle filiation idéologique s’inscrit-il ? Sur le plan politique, on a parlé de Louis-Philippe, qui, avant lui, avait réuni la bourgeoisie de droite et de gauche en un même bloc central. Plus proches de nous, les figures tutélaires de Mendès France, Rocard, Delors ou Strauss-Kahn ont été évoquées. Ou encore celle de Giscard avec son projet de « société libérale avancée », comprenant l’avortement, le divorce, le regroupement familial ou encore l’aventure européenne. Mais s’il est un courant de pensée auquel se rattache le plus le président actuel, c’est sans nul doute le saint-simonisme.
Telle est la thèse que développe magistralement Frédéric Rouvillois dans un ouvrage bien documenté tout juste publié aux éditions du Cerf sous le titre malicieux et évocateur de Liquidation (à comprendre aussi bien dans le sens d’une société liquide, sans fondations ni consistance, que dans le processus lui-même qui consiste à liquider tout ce qui constitue notre héritage anthropologique et civilisationnel). L’auteur y soutient en effet l’enracinement de la pensée macronienne dans la matrice saint-simonienne, de façon quasi inconsciente tant les fondamentaux du saint-simonisme ont été intégrés et digérés par la société post-moderne dont Macron est le héraut.
Un terme résume à lui seul cette filiation : celui de progressisme dont Macron s’est fait le chantre, en fidèle héritier du saint-simonisme qui voit dans le développement de la science, de la technique, de l’industrie et du commerce la source essentielle de l’émancipation des individus et du progrès humain. « À chacun selon ses capacités, à chaque capacité selon ses œuvres », écrivait Saint-Simon qui ne voulait connaître de distinctions que celles qui découlent du mérite des sachants et des industrieux. Égalité des chances, résume deux siècles plus tard Emmanuel Macron dans une commune détestation de la richesse fondée sur l’héritage. À cet égard, l’auteur évoque judicieusement les liens étroits qui unissent notre président au think tank progressiste Terra Nova qui avait proposé de réformer les droits de succession dans un sens confiscatoire. Une proposition hautement saint-simonienne mais heureusement enterrée…
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