Atlantico a interviewé Christophe Boutin au sujet de la Convention citoyenne pour le climat, sur laquelle La Fondation du Pont-Neuf avait publié une note au mois de juillet 2020, sous la double signature de Christophe Boutin et Frédéric Rouvillois.
Atlantico : La crise sanitaire a pris la préséance sur de très nombreux sujets, et semble avoir évacué la question écologique des débats. Les espoirs des membres de la Convention sur le climat sont-ils voués à être déçus ? Emmanuel Macron va-t-il être dans l’impossibilité de tenir ses engagements à leur égard ?
Christophe Boutin : Je ne suis pas certain, même si effectivement la crise sanitaire actuelle semble avoir pris le pas sur tous les autres sujets, que la question écologique ait été totalement écartée de l’esprit de nos dirigeants. Je pense au contraire que, dans les six prochains mois, on va nous présenter tout un programme politique et économique destiné à la fois, nous dira-t-on, à tirer le bilan de la crise sanitaire et de répondre aux crises économiques et sociales qu’elle va nécessairement entraîner, pour nous proposer de partir dans une nouvelle direction sociétale, mais en arguant aussi, pour justifier ces nouveaux choix, du fait que l’on pourra cette fois partir sur de nouvelles bases saines en prenant en compte les enjeux environnementaux. En ce sens, les espoirs des membres de la Convention citoyenne sur le climat ne sont sans doute déçus que de manière temporaire.
Il est vrai qu’Emmanuel Macron s’était engagé à l’époque par un « contrat moral », à soumettre « sans filtre » les propositions de la Convention qu’il créait, soit au Parlement, pour ce qui devait déboucher sur des lois, soit même éventuellement à l’ensemble des citoyens pour qu’ils décident par un référendum, et, pour le reste, au gouvernement, pour qu’il prenne des actes réglementaires. Or certains anciens membres de la Convention sont actuellement déçus, parce qu’ils ont l’impression que cela ne va pas assez vite, que certaines de leurs propositions sont trop discutées, par le gouvernement ou par le Parlement, et qu’elles en ressortent trop modifiées. Mais, il est permis de se poser la question de savoir si ces modifications ne sont pas un combat d’arrière-garde qui sera balayé très rapidement.
C’est que l’histoire que l’on nous raconte est un roman pour enfants, un film de propagande destiné à nous faire valider les choix de la Convention. Que nous présente-t-on ? D’un côté, un monde qui irait à la catastrophe environnementale sous les effets d’un système économique protégé par une caste administrative autiste et irresponsable ; de l’autre, mêlant le peuple aux experts (n’y a-t-on pas entendu Yan Arthus Bertrand ?), la Convention citoyenne, qui aurait fait des choix rationnels et rigoureux contre les non-choix de gouvernants coupés des réalités. C’est l’habituel schéma binaire, le Bien contre le Mal, la Vérité contre l’Erreur. Et comme les méchants cherchent, malgré les mises en garde catastrophistes, à conserver la main, les Purs, devenus Vigilants, sorte de méga-wokes, doivent maintenant veiller à ce que leurs décisions soient bien appliquées.
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