La décroissance est un terme qui a fait irruption dans le débat public au milieu des années 2000. Ce terme synthétise une doctrine économique qui prône un recul de la croissance par la sobriété, pour réduire la consommation de matières brutes et d’énergie, et réduire le réchauffement climatique. Le confinement a rendu la question de la décroissance encore plus actuelle. Peut-on bâtir toutes nos hypothèses économiques en postulant une croissance à l’infini du PIB ou faut-il envisager un monde sans croissance ? Lequel serait meilleur ? Si le diagnostic des décroissants est intéressant, leur solution reste aujourd’hui totalement utopique, argumente Benoît Dumoulin dans L’Incorrect
A-t-on besoin d’une économie en perpétuelle croissance et peut-on bâtir notre modèle économique sur une croissance qui n’existe pas encore mais que l’on espère toujours plus forte demain ? Cette promesse ne risque-t-elle pas de s’effondrer un jour ? La croissance peut-elle d’ailleurs augmenter perpétuellement ? À quel prix humain, social et économique ? Ne faudrait-il pas plutôt faire une pause, voire décroître ? C’est sur ces interrogations légitimes que prospèrent depuis les années soixante-dix les partisans de la décroissance.
Ils soulignent qu’« on ne peut plus croître dans un monde fini », selon la formule de Vincent Liégey, les ressources de la planète étant limitées, notamment sur le plan énergétique. De plus, au plan social, la recherche infinie de croissance aliénerait l’homme au travail, générant stress, suractivité et burn-out. Enfin, sur le plan éthique, l’objectif de décroissance volontaire obligerait l’homme à une sobriété heureuse qui se traduirait par une baisse drastique de la consommation et un mode de vie plus simple. Bref, les Français cesseraient de vivre au-dessus de leurs moyens et se rendraient compte que l’on peut être heureux sans effectuer de grandes dépenses, comme beaucoup l’ont expérimenté durant le confinement.
Cette théorie est intéressante par bien des aspects. Elle critique d’abord le postulat d’une nécessaire croissance du PIB qui devient une fuite en avant et un pari sur l’avenir au nom duquel on accepte les pires injustices. Faire reposer tous nos équilibres économiques et budgétaires sur une croissance qui n’existe pas mais que l’on espère voir advenir est dangereux. En fait, le PIB doit croître selon les mêmes proportions que la population afin de ne pas diminuer le niveau de vie par habitant. Mais il ne peut constituer l’assise principale d’un modèle économique.
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