Le président Macron a installé par ses discours, en lieu et place du traditionnel clivage droite-gauche, une dichotomie progressiste-conservateur : lui-même s’appropriant bien évidemment le terme progressiste, supposé très valorisant (en ce qu’il renvoie aux thèmes de l’ouverture, de la justice, du mouvement, de la compassion, de la mondialisation, etc.), et désignant l’adversaire (c’est-à-dire, essentiellement, la droite), par le terme actuellement encore très péjoratif de conservateur. C’est dans cette guerre des mots imposée par Macron qu’il importe de s’engager, et de s’organiser, afin d’espérer la remporter.
Ne pouvant donc échapper à la dichotomie imposée par le discours du président Macron, ni en contester le contenu en démontrant que les conservateurs, ce sont les autres, la droite ne saurait faire comme si de rien n’était. Sans quoi, elle serait assurée de voir utiliser contre elle, lors des prochaines échéances électorales, le mot conservateur, lui-même doté d’une charge péjorative considérable. En refusant de mener la guerre des mots, elle serait vaincue par avance, tout en laissant à ses adversaires un avantage considérable.
La seule solution consiste ainsi, tout en acceptant la dichotomie imposée par l’adversaire, à en inverser la signification : c’est-à-dire, à s’emparer du mot « conservateur » pour le valoriser ; et en parallèle, à développer une critique puissante de ce que recouvre le terme « progressiste » – et donc, par là-même, à s’attaquer aux fondations idéologiques du macronisme.