Croyant ou non, le conservateur accorde respect et intérêt aux religions et aux spiritualités. Par définition, il se sent étranger aux débordements de l’irréligion voltairienne, aux grosses blagues de l’anticléricalisme façon petit père Combes, comme au sectarisme inversé de l’athéisme militant. Pour autant, il ne peut évidemment que réprouver des systèmes religieux dont la seule finalité paraît être de dénier toute valeur à l’homme et au monde : des systèmes qui ne constituent au fond qu’une forme paradoxalement moderne de nihilisme. À cet égard, le vandalisme religieux des Talibans ou des Jihadistes n’a rien à envier à celui des iconoclastes de l’Antiquité, des Sans-culottes de 92 ou des Bolcheviks de 1917. Pour un  conservateur, l’idée même de la tabula rasa, quelles que soient les justifications prodiguées, est forcément déplorable, et condamnable. L’homme se construit dans l’histoire, à partir de ce qui fut et de ce que lui ont légué les siècles,  afin  qu’il les transmette aux suivants. « Vous devez tout respecter »,  déclarait à ce propos Charles Péguy au jeune Daniel Halévy : beau programme pour un conservateur ! Tout respecter, et donc, combattre les nihilismes intégristes qui se proposent l’inverse.