La Fondation du Pont-Neuf, on vient de le dire, vise à contribuer à un réarmement intellectuel et doctrinal de la droite : inutile à cet égard de faire la fine bouche, de se prétendre apolitique, ou même au-dessus des partis. L’important est plutôt de se situer en dehors de ces derniers, sans lien direct et sans dépendance à leur égard, tout en ayant conscience de leur rôle incontournable dans le jeu actuel. Une telle indépendance, on le sait, est étrangère à la plupart des grands Think tank généralistes contemporains: c’est ainsi que la Fondation pour l’innovation politique fut créée à l’origine pour être la boîte à idées de l’UMP naissante, son directeur ayant même été tête de liste LR aux élections régionales de 2015 ; Terra-nova était une annexe du parti socialiste de gouvernement, comme elle tend à devenir celle de La République En Marche ; la Fondation Jean-Jaurès ou la fondation Gabriel Péri avouent explicitement leurs rattachements respectifs – tandis que sur un plan parallèle, l’Institut Montaigne, fondé sous l’égide du PDG d’AXA Claude Bébéar, joue depuis un rôle d’interface entre le monde de la finance et le centre de l’échiquier politique. Autant de liaisons qui ne sont pas forcément dangereuses, ni en soi illégitimes, mais qui laissent néanmoins flotter un soupçon sur les travaux et les conclusions de ces diverses institutions.
De son côté, redisons-le, la Fondation du Pont-Neuf n’est et ne sera l’annexe d’aucun parti, d’aucune entreprise, ni d’aucune personnalité politique – quels que puissent être, là encore, les sensibilités et les attachements particuliers des différents chercheurs amenés à participer à ses travaux. En somme, elle ne sera ni LR, ni RN, ni DLF, etc, son objectif étant simplement de faire en sorte que les différentes composantes de la droite puissent, le cas échéant, reprendre ses travaux afin d’alimenter leurs propres programmes dans un sens conservateur.